Pour Brice Lepoutre, président de l’Association Indépendante Des Utilisateurs de Cigarette Electronique (Aiduce), Marisol Touraine se trompe de cible en restreignant les vapoteurs !
Brice Lepoutre, président de l’Association Indépendante Des Utilisateurs de Cigarette Electronique (Aiduce) considère que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, se trompe de cible en restreignant les vapoteurs.
La loi santé actuellement votée à l’Assemblée va-t-elle restreindre la vente et l’utilisation d’e-cigarettes ?
Marisol Touraine a inclus dans sa loi l’interdiction de la e-cigarette dans les lieux publics. Une mesure catastrophique pour la santé publique car elle est de nature à pousser certains anciens fumeurs passés à l’e-cigarette, à revenir au tabac. De même, la France doit prochainement transposer la directive européenne TPD (Tobacco Product Directive) qui restreint fortement l’utilisation et la communication sur la cigarette électronique. Il est particulièrement injuste d’associer la cigarette électronique au tabac, alors qu’elle n’en contient pas et qu’elle a permis à tant de fumeurs de décrocher.
Les ventes de cigarettes électroniques sont en baisse de 30% en France. Comment expliquer ce phénomène ?
Le chiffre est exact mais il ne concerne que les ventes en boutiques spécialisées au dernier trimestre 2014 par rapport à la même période un an plus tôt. Du coup, ce chiffre ne prend pas en compte les ventes en bureaux de tabac, qui écoulent notamment les produits assez rudimentaires proposés par les filiales des grands groupes de tabac. Mais surtout, on sait bien que les vapoteurs sont de plus en plus nombreux à se fournir sur internet. Inquiétés par les informations sur les possibles dangers des liquides, on constate que les utilisateurs préfèrent acheter et stocker leurs liquides en flacons et confectionner eux-mêmes leurs recharges à la maison. Ce climat de méfiance a généré des habitudes de bricolage et d’auto-production.
Comment expliquez-vous que le gouvernement soit plutôt hostile au vapotage ?
A l’évidence, il est très mal conseillé par des associations anti-tabac qui craignent de voir disparaître leur fonds de commerce, le tabac. Lors de mes interventions, il m’arrive de plus en plus souvent de faire une déclaration concernant d’éventuels conflits d’intérêts. Je n’ai aucun lien avec l’industrie du tabac, avec les fabricants et distributeurs de cigarettes électroniques et c’est assez rare, avec le gouvernement non plus. Notre association ne perçoit aucune subvention. Tout le monde ne peut en dire autant.
Parmi les reproches faits à la e-cigarette, il y a d’abord la nocivité des liquides utilisés.
Cette nocivité est beaucoup moins forte que celle du tabac. Le tabacologue Bertrand Dautzenberg a affirmé lui-même, qu’un an de vapotage était moins nocif qu’une journée de tabac. Quant à l’étude américaine qui a récemment été brandie pour discréditer l’e-cigarette, elle était excessive car elle était basée sur une inspiration continue de plusieurs minutes. Personne ne vapote ainsi.
Autre reproche, la cigarette électronique pourrait séduire des adolescents et les amener ensuite au tabac.
C’est totalement fantaisiste. Il y a peu de gens qui commencent par la cigarette électronique, l’immense majorité des vapoteurs est constituée d’anciens fumeurs qui ont voulu préserver leur santé et leur budget. Quel que soit l’âge, on constate que seulement 0,8% des vapoteurs se dirigent vers le tabac. Une étude américaine a montré qu’’il y avait une hausse de 3% de l’utilisation de cigarette électronique parmi les adolescents, c’est vrai. Mais la même étude montre aussi une baisse de la consommation de tabac de 3% par les adolescents.
Source : http://www.challenges.fr