14 avril 2015: lire Les Echos. Le quotidien de l’économie tente un bilan : celui des changements que la loi de Santé va apporter à notre quotidien. Il complète son propos avec le regard porté par les Français sur les principales dispositions inscrites dans le texte que viennent de voter, en première lecture, les députés.
Principal sujet d’intérêt : le tabac. Ou plus précisément les dispositions votées pour tenter d’en réduire les conséquences délétères (73 000 morts prématurées) de sa consommation. On sait ce qu’il en est de la clef de voûte du dispositif : le « paquet neutre ». Dispositif voulu à tout prix par Marisol Touraine, ministre de la Santé. Dispositif qui consiste à effacer autant que faire se peut le brillant des logos des marques par d’autres images, illustrant les dégâts corporels de l’addiction au tabac. Le présupposé est ici que le toxicomane peut être effarouché par les possibles conséquences de sa toxicomanie. C’est, disent les addictologues, bien mal connaître la physiopathologie de l’addiction.
Inefficacité du paquet neutre
Les Français ne s’y trompent pas. Le sondage réalisé par Odoxa pour FTI Consulting, Les Échos et Radio Classique (1) conclut qu’ils sont très sceptiques sur l’effet du paquet neutre de cigarettes, dont l’instauration est prévue (si rien ne change) dans un an précisément : 73 % des personnes interrogées estiment en effet que cette mesure ne sera pas efficace pour lutter contre le tabagisme. La même tendance avait été observée lors des petits sondages télévisés effectués à la sortie des urnes des députés.
Une seule mesure permettrait de réduire la consommation de tabac : une hausse progressive et constante du prix du paquet de cigarettes. L’expérience (sous Jacques Chirac à la présidence de la République) l’a démontré. L’opinion publique le sait. Seul Bercy y est opposé. Loi Macron ou pas. Ce qui est une parfaite démonstration de la duplicité de l’Etat vis-à-vis de l’addiction au tabac. Le sondage des Echos ne s’est pas intéressé à la question de l’absence de neutralité pour les boîtes de Havanes. Il est vrai que le chef de l’Etat français sera, première historique, le 11 mai à Cuba.
Charte du vapoteur
L’autre levier sur lequel pourrait jouer l’Etat pour lutter contre les dégâts du tabac est la cigarette électronique. On sait ce qu’il en est avec, notamment, l’opposition (personnelle, radicale et toujours inexpliquée) manifestée par la ministre de la Santé. Cette opposition a de facto conduit les députés à interdire son usage dans certains lieux publics, renvoyant ainsi les vapoteursdans les espaces où sont confinés les fumeurs. L’interdiction comprend notamment « les lieux de travail fermés et couverts à usage collectif ».
Cette disposition avait conduit à une initiative originale : l’élaboration d’une charte (2) conçue par les médecins du comité scientifique de SOS Addictions et par ceux de Fédération Addiction. Elle vise à ce que les vapoteurs ne soient pas traités comme des fumeurs, et qu’en entreprise, ils ne soient pas obligés d’aller vapoter à l’extérieur avec leurs collègues fumeurs.
Goudrons et vapeurs
Il y a deux manières de présenter les résultats du sondage publié aujourd’hui par Les Echos. Soit on dit que six Français sur dix « soutiennent l’interdiction de la cigarette électronique au travail ». Soit on explique que quatre Français sur dix y sont favorables. Ce qui, compte tenu de la désinformation chronique sur le sujet est un résultat à bien des égards considérable. Loin d’être considéré comme un dangereux exhalant goudrons et fumées, paria à éloigner, le vapoteur commence à être perçu comme un citoyen entouré de vapeur d’eau cherchant à se libérer des griffes du tabac et de l’emprise de l’Etat.
L’étape suivante est connue : gagner le jardin du Luxembourg et ses joggeurs pour attendre la couleur de la fumée qui, bientôt, sortira du Sénat. On compte actuellement en France 1,5 million de vapoteurs réguliers. Le double avec les adeptes occasionnels.
A demain
(1) Etude a été réalisée en ligne les 9 et 10 avril auprès d’un échantillon représentatif de 1 007 personnes et selon la méthode des quotas.
(2) Texte de cette Charte:
- Le vapoteur doit s’assurer auprès de ses collègues de bureau que sa pratique ne les dérange pas, et discuter avec eux de la manière de s’organiser en bonne intelligence.
- La pièce doit être normalement aérée ou ventilée (qu’il y ait vapotage ou pas).
- Une distance minimale de deux mètres entre le vapoteur et les autres semble raisonnable.
- Le choix d’arômes doux est à privilégier, comme ceux de fruits.
- La production de vapeur peut être minimisée, soit en inhalant un peu plus longtemps la vapeur, soit en ajustant le voltage des dispositifs, ou encore en privilégiant du matériel qui ne produit pas de gros nuages de vapeur.
- De manière à diminuer son nombre de bouffées quotidiennes, le vapoteur peut utiliser des e-liquides plus fortement dosés en nicotine, ce qui diminuera ses besoins.
- Lors de longues réunions, le vapoteur peut utiliser des formes orales de nicotine comme des gommes ou des pastilles.
- Le vapoteur doit s’abstenir si des enfants ou des adolescents sont présents dans la pièce, de manière à respecter l’esprit de la loi, dont l’objectif est de les soustraire de toute influence pouvant les inciter à débuter une pratique qui ne leur est pas destinée.
- Quand des collègues toussent, il convient de s’assurer que la cigarette électronique ne les dérange pas temporairement.
D’une manière générale, les vapoteurs ne doivent pas être traités comme des fumeurs en entreprise, et cette charte à vocation de servir de base de dialogue au sein des communautés professionnelles.
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