Pour la première fois depuis 2009, la consommation de tabac en France a augmenté (+ 7 %) au cours de l’année écoulée. Explications.
« OH ET PUIS ZUT ! Je descends m’en fumer une… une vraie ! » Après des mois d’abstinence peut-être, soutenus par la vapeur nicotinée d’une e-cigarette, combien sont-ils à avoir ainsi franchi le tourniquet de leur entreprise pour à nouveau marquer leurs pauses clope sur le trottoir ?
En mars, le dernier baromètre mensuel de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (en panne de réactualisation faute de données transmises par les douanes) pointait une progression de 7 % des ventes de cigarettes par rapport à mars 2014 et un niveau record à + 12 % des ventes de tabac à rouler. Soit, sur les trois premiers mois de l’année, une progression de 0,5 %.
Phénomène ponctuel ? Pas sûr. Même s’il faut attendre les statistiques des prochains mois pour affiner cette tendance, qui se perçoit aussi au pied des immeubles de quelques quartiers d’affaires où l’on croise à nouveau des groupes de fumeurs.
Alors que le Sénat boucle ce matin ses auditions afin de se pencher, dès le 8 septembre, sur l’examen du plan de réduction du tabac — déjà adopté en première lecture à l’Assemblée — et que l’OMS (Organisation mondiale de la santé) vient, dans un rapport paru avant-hier, de supplier les Etats de taxer violemment le tabac, les cigarettiers sourient sur le site Lemondedutabac.com : « A la fin juin, et en cumul depuis le début de l’année, le marché des cigarettes connaît une progression de 0,3 % en volume ; celui du tabac à rouler, une hausse de 5,8 %. Frémissement notable après une année 2014 qui accusait une baisse de 5,3 % des ventes, en dégradation constante depuis 2009. »
On joue avec le feu
Dans le même temps, le marché de l’e-cigarette, lui, fait la grimace et y voit clairement une relation de cause à effet. A trop brouiller le message, assimiler vapoteurs et fumeurs, tout en préservant les accros à la cigarette d’un gros coup au portemonnaie, jusque dans un plan antitabac jugé trop tiède en matière de santé publique, on joue avec le feu, jugent nombre de pneumologues et tabacologues.