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Cigarettes: «Bercy et l’industrie du tabac travaillent main dans la main»

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La ministre de la Santé Marisol Touraine va dévoiler un plan de lutte contre la cigarette qui pourrait inclure l’instauration du paquet « neutre » et un meilleur encadrement de la cigarette électronique – Eric Feferberg AFP

La ministre de la Santé a récemment présenté son plan anti-tabac. Parmi les mesures annoncées: paquet de cigarettes neutre et hausse des prix. L’objectif: faire baisser le nombre de fumeurs. Un leurre, estime Matthieu Pechberty. Dans son livre L’Etat accro au tabac, sorti ce jeudi aux Editions First, le journaliste du JDD explique que l’Etat n’a aucun intérêt à stopper cette «machine à cash».

Pourquoi l’Etat est-il «hypocrite»?

Quand on parle de tabac on ne parle que de santé: 78.000 morts par an. Mais le vrai enjeu pour l’Etat est financier. Les ventes rapportent chaque année 14 milliards d’euros. Sous couvert de santé publique, l’Etat profite des fumeurs pour combler les déficits de la Sécurité sociale. C’est un outil d’optimisation fiscale. Quand il manque de l’argent pour boucler le budget, on pioche dans le tabac.

L’augmentation du prix ne permet pas de lutter efficacement?

L’Etat prélève 80% des taxes sur les paquets, les fabricants 11% et les buralistes 9%. Conséquence: tous ont intérêt à l’augmentation des prix. Quand la ministre de la Santé dit: «Nous voulons décourager les fumeurs», c’est un mensonge. Les prix augmentent pour accroître les recettes fiscales, les profits des fabricants, et les revenus des buralistes.Avec une hausse de 20 ou 30 centimes, Marisol Touraine fait le jeu des cigarettiers. Tous savent qu’une augmentation en dessous de 6% du paquet (40 centimes) ne provoque pas un recul des ventes. Bercy et l’industrie du tabac travaillent main dans la main.

Pourtant le tabac coûte cher à l’Etat…

Près de 47 milliards d’euros. Mais les recettes financent directement la branche maladie de la Sécurité sociale. La cigarette que vous fumez va renflouer l’Etat dès le lendemain. Le cancer du poumon, lui, ne coûtera cher à l’Etat que dans 20 ans…

Les fabriquants peuvent aussi s’entendre face à l’Etat…

En juillet 2012, le gouvernement souhaite relever les droits sur le tabac de 64,25% à 65,75%. Une rencontre secrète est organisée au Fouquet’s entre les quatre plus gros fabriquants [Philip Morris, British American Tobacco, Imperial Tobacco France, et Japan Tobacco] pour éviter l’augmentation des taxes. Ils décident d’un bras de fer avec le gouvernement qui fonctionne. Le taux de taxe passe à 64,7, soit 1% de moins que prévu.

Quel rôle jouent les lobbys?

Leur travail est important, pas tant pour faire passer des amendements, mais pour empêcher ou retarder les mesures anti tabac. Le paquet neutre présenté par Touraine sera discuté à l’Assemblée au printemps. Les lobbys vont tout faire pour trouver des obstacles juridiques ou fiscaux. Ils vont utiliser les buralistes, et la dizaine de députés pro-buralistes comme caisse de résonnance, à l’image de Thierry Lazaro, Gérard Cherpion, ou Jean-Louis Dumont. La fiscalité très complexe n’arrange rien. Les députés sont enfumés par les lobbyistes.

Les buralistes ont-il un rôle essentiel?

Les politiques les considèrent comme des leaders d’opinion et les ménagent. Pour Bercy, les 26.000 buralistes sont des agents des impôts implantés dans tous les villages de France. C’est une profession hyperréglementée, rémunérée par une commission fixée par l’Etat. Normalement, ils ne touchent que 9% par paquet. En pratique, 50% des plus gros buralistes sont régulièrement remerciés par les fabricants de tabac. Contre un paquet bien placé, l’achat de telle ou telle marque, ils reçoivent 30 millions d’euros par an, à travers des chèques cadeaux, ou des cartes de crédit prépayées de la société Endenred. Ce n’est pas légal.

Quels sont les rapports entre personnel administratif et cigarettiers?

Le personnel des Douanes doit s’assurer que les recettes fiscales remontent au quotidien. Ils ont donc des relations avec les industriels et les buralistes. En mai 2013, la British American Tobacco organise son déjeuner annuel pour le «Club des parlementaires amateurs de Havane» de l’Assemblée. Outre les députés, on note la présence de Galdéric Sabatier, ancien numéro trois de l’administration des Douanes, qui fixe les prix du tabac.Après ces révélations dans la presse, le haut fonctionnaire est débarqué. Un de ses anciens collègues me résume ainsi ces relations permanentes entre l’Etat et l’industrie: «Nous sommes pro-tabac, pro-fabricants et pro-buralistes.»

Source : http://www.20minutes.fr/societe/1461579-20141016-cigarettes-bercy-industrie-tabac-travaillent-main-main

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