Nouvelle étude, nouvel argument en faveur de la cigarette électronique dont le gouvernement français se refuse obstinément à comprendre à quel point elle peut constituer un progrès de santé publique en matière de tabagisme. Celle fois l’étude est suisse, menée par le Pr Jean-François Etter, un chercheur de l’Université de Genève. Elle vient d’être publiée dans Drug and Alcohol Dependence (1). On en trouvera un résumé ici.
Analyse inédite
Il s’agit d’un travail mené auprès de 374 utilisateurs de e-cigarettes qui avaient récemment (en France et en en Angleterre) arrêté de fumer. Les questions portaient sur leur utilisation de ces produits et sur leur envie de fumer. Cette étude fournit une analyse détaillée des effets des e-cigarettes sur le besoin impérieux de fumer. Une analyse inédite dans le champ scientifique. Le Pr Etter explique avoir constaté que le soulagement du besoin de fumer est associé :
. à des niveaux élevés de nicotine dans les liquides de remplissage,
. à l’utilisation intensive de la e-cigarette,
. à une plus grande satisfaction des usagers,
. à plus d’effets perçus sur la réduction ou l’arrêt du tabagisme,
. mais aussi à une plus grande dépendance envers les e-cigarettes.
Trouver un compromis
« Du point de vue de la santé publique, il y a un compromis à faire entre deux types de modèles de cigarettes électroniques, résume le Pr Etter. D’une part celles qui fournissent des niveaux élevés de nicotine, une grande satisfaction de l’usager et plus d’effets sur la réduction de l’envie de tabac. Ces e-cigarettes peuvent également être une source d’addiction. Et, d’autre part, des modèles de e-cigarettes qui contiennent moins de nicotine et sont moins addictives – mais qui sont également moins satisfaisantes et moins efficaces pour soulager l’envie de fumer et pour aider les fumeurs à arrêter de fumer. »
Le silence de l’Inserm
Pour le Pr Etter ce compromis « doit être gardé à l’esprit lors de la rédaction de la législation sur les e-cigarettes ». Ces résultats sont importants dans la mesure où les gouvernements de nombreux pays sont en train d’élaborer des règlements pour les cigarettes électroniques: certains pays les interdisent, d’autres les autorisent avec nicotine et d’autres sans nicotine. Dans ce contexte, il est très important de savoir, pour les législateurs, les autorités de santé, les médecins et les consommateurs, comment les cigarettes électroniques agissent pour soulager l’envie de fumer.
On ne saisit toujours pas pourquoi des institutions dévolues à la recherche en santé publique (l’Inserm au tout premier chef) ne se sont toujours pas, en France et en 2015, emparées d’un tel sujet. Et on saisit de moins en moins pourquoi elles ne prennent pas la peine de s’expliquer, de se justifier.