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La cigarette électronique est-elle dangereuse pour la santé ? Alors que cette méthode d’aide au sevrage tabagique est en plein essor, l’Académie de médecine publie un rapport. Verdict : elle recommande de ne pas dissuader son usage, tout en insistant sur la nécessité de l’adapter aux mêmes normes que d’autres traitements existants.
La cigarette électronique fait désormais partie du paysage français. En quelques années, cette nouvelle invention a séduit d’innombrables consommateurs ; jeunes et moins jeunes, fumeurs occasionnels ou réguliers. Certains affirment « vapoter »pour le plaisir, d’autres revendiquent un véritable usage en substitution du tabac. Un fumeur sur trois est convaincu des bienfaits de la cigarette électronique pour arrêter de fumer1. Mais qu’en est-il vraiment ? Après un nombre conséquent de débats entres experts, utilisateurs et pouvoirs publics, l’Académie de Médecine publie son rapport pour trancher sur l’épineuse question de la cigarette électronique : doit-on la considérer comme une méthode de sevrage ? A-t-on assez de recul pour affirmer que ce produit est inoffensif ?
« Le tabac tue un fumeur sur deux » (200 Français par jour) rappelle l’Académie de Medecine ; c’est la première cause évitable de décès dans le monde. La dépendance créée par la nicotine, substance hautement addictive, limite les chances d’arrêts. Un certain nombre de mesures ont déjà été mises en place (augmentation des prix, interdiction de la publicité, traitements médicamenteux), à la fois pour dissuader le début de la consommation et pour encourager le sevrage. Malgré cela, le nombre de fumeurs reste très élevé.
C’est dans ce contexte que la cigarette électronique a débarqué il y a quelques années. Arrivée très récemment, l’e-cigarette a déjà séduit un million de Français (soit 8% des fumeurs). Si certains modèles font penser à une cigarette classique, le principe est totalement différent : contrairement au tabac, chauffé à plusieurs centaines de degrés, il n’y a pas de combustion. La cigarette électronique est basée sur un chauffage doux (60°C) qui vaporise un aérosol et la nicotine qu’il contient. Cela évite en principe la formation des centaines de cancérigènes produits par combustion (goudrons, formol, monoxyde de carbone…). L’ensemble des études s’accorde à dire que la toxicité de la vapeur est bien moindre que celle de la cigarette classique.
Pour autant, la cigarette électronique contient de la nicotine à plus ou moins forte dose : son utilisation dans le cadre du sevrage tabagique est-elle une bonne idée ? Elle a déjà fait ses preuves dans ce domaine : elle contribue à diminuer significativement la consommation de tabac et renforce les chances d’arrêt d’ici 6 mois1. Même si aucun organisme ne recommande son usage, celui-ci est néanmoins encouragé s’il a pour objectif la maîtrise du tabagisme. De ce fait, d’éventuelles recharges de concentrations nicotiniques fortes (>20 mg/mL) sont aujourd’hui envisagées : celles-ci devraient passer par le circuit pharmaceutique, avoir le statut de médicament et bénéficieraient donc de prises en charge de la part de l’assurance maladie. Les professionnels de santé souligne tout de même quelques inconvénients majeurs de la cigarette électronique, notamment son côté « tendance », qui contribue à sa banalisation. Si elle aider à arrêter de fumer, il ne faudrait pas qu’elle incite les non-fumeurs à commencer à fumer…même si, comme le précise le rapport, « la consommation de nicotine chez les jeunes reste en baisse ». C’est dans ce contexte que l’Académie de médecine publie son rapport. Si elle ne voit pas de raison d’interdire la cigarette électronique en tant que méthode de sevrage tabagique, elle recommande toutefois de lui imposer des normes, comme c’est déjà le cas pour les autres traitements existants.