Ces dernières semaines, plusieurs études ont été publiées, au sujet du vapotage passif, et des émissions de substances nocives.
Quelques unes émettent des craintes à ce sujet, d’autres affirment qu’il n’y a aucun risque pour l’entourage des vapoteurs.
Qui croire ?
À moyen comme à long terme, nous ignorons les effets de la cigarette électronique sur l’organisme. Pour le moment, par faute de suivi longitudinal car la cigarette électronique est un produit relativement nouveau, nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses sur les risques inhérents à long terme.
Même si dans l’état actuel des connaissances, à défaut de tabler sur une totale inoffensivité du produit, la cigarette électronique rassurerait plus qu’elle n’inquiète.
Néanmoins, quelles que soient les conséquences à long terme de la cigarette électronique sur l’organisme des vapoteurs, une autre question, non moins cruciale en termes de santé publique, se pose :quid de l’entourage des vapoteurs ? Car bien des fumeurs migrent vers la cigarette électronique d’abord dans l’idée de ne plus nuire à leur entourage. Lors d’une étude l’hiver dernier, c’était ainsi ce qu’avaient répondu 7% de vapoteurs germaniques ayant participé à une enquête, comme première raison d’un passage de la cigarette au vaporisateur personnel (cigarette électronique).
Existe-t-il un risque réel et sérieux pour la santé de l’entourage ?
Une étude norvégienne allait, il y a près de deux mois, en ce sens. Elle pointait les dangers de la nicotine dans la vape passive par les rejets expirés, en remarquant que ces derniers étaient de composition sensiblement identiques à ceux d’une cigarette classique.
Ce point avait déjà été relevé par une étude de novembre 2014.
Est-ce que l’exhalation de nicotine créerait pour autant un danger pour l’entourage ?
Pour peu qu’on dose sa nicotine de ses e-liquides dans des proportions usuelles habituelles (la limite légale est à 20mg/ml en France), selon l’état actuel des connaissances à ce sujet, tout au plus, la nicotine serait UNIQUEMENT responsable de l’addiction au produit. Et encore, certaines études comme celle du neurologue Jean-Pol Tassin en 2009, appuient la thèse comme quoi la nicotine ne serait pas seule responsable dans l’addiction. Et selon Jacques Le Houézec, expert mondial des addictions, il n’y a actuellement aucune preuve selon laquelle la nicotine seule serait nocive pour nos poumons ou notre cerveau. Pour conclure avec un dernier grand spécialiste de l’addiction à la nicotine : Peter Hajek, directeur de l’unité de recherche de la dépendance tabagique à l’institut Wolfson de Londres, affirmait même que « la nicotine n’est pas plus dangereuse que la caféine« , dans une interview à TheTimes. C’est dire qu’il convient d’abord de dédiaboliser la nicotine en elle-même, afin d’aborder plus sereinement le débat sur la cigarette électronique, ou même sur le vapotage passif.
Il n’y a, en outre, aucune preuve scientifique que l’exhalation de nicotine, que ce soit par la vapeur ou la fumée, puisse inciter quiconque à développer une addiction à la substance.
En conclusion, affirmer que les rejets nicotinés d’une e-cigarette seraient dangereux pour le système cardiovasculaire, comme le fait l’institut de santé publique norvégien en avril 2015, est inexact, sauf à apporter de nouveaux arguments scientifiques.
Pire, cette étude contribue à entretenir une confusion entre méfaits du tabac et usage de la nicotine. La nicotine, comme exposé ci-dessus, ne serait pas si nocive que cela.
En revanche, le tabac, via la combustion de la cigarette et l’exhalation de fumée, rejette dans l’atmosphère des produits tels que le monoxyde de carbone, le goudron, l’ammoniac, ou d’autres composants nocifs tant pour le fumeur que pour son environnement. La cigarette électronique ayant pour vecteur de rejet la seule vapeur, c’est une évidence qu’elle ne peut émettre dans l’atmosphère un seul produit combustible, par un usage approprié.
Un risque très limité
La plupart des études vont en ce sens.
Une étude argumentée provient de Konstantinos Farsalinos, cardiologue grec travaillant au centre Onisis d’Athènes, qui affirmait en octobre 2014 que « la nicotine absorbée par le vapotage passif est non seulement inoffensif, mais ne produit même pas d’effet biologique« .
Pour reprendre ses travaux, il affirme que le taux de cotinine salivaire, chez les vapoteurs passifs, est de 0,24 ng/ml, ce qui est très bas, bien en deçà des normes réglementaires les plus strictes. En comparaison des 300ng/ml pour les fumeurs invétérés de plus de 20 cigarettes par jour.
Quant aux risques cardiovasculaires, ce même Docteur Farsalinos affirmait, en 2013, « bien que le tabagisme provoque un retard dans la relaxation myocardique chez les fumeurs, l’utilisation d’une cigarette électronique n’a pas d’effets immédiats sur les vapoteurs. […] Ce profil bénéfique à court terme des cigarettes électroniques comparées aux cigarettes traditionnelles, fournit la première preuve sur les effets cardiovasculaires de ce dispositif« .
Tout laisse donc à penser que le vapotage passif est un non-sens, en termes de risques sanitaires. Bien sûr, chacun pourra toujours se trouver incommodé par de la vapeur aromatisée ; bien sûr, il conviendra d’éviter de vapoter des arômes au goût de tabac en présence d’anciens fumeurs afin de ne pas les inciter à replonger ; bien sûr il conviendra de vapoter le moins possible en présence d’enfants ou d’adolescents (tout du moins tant que l’absence de risques pour le vapoteur n’est pas clairement établi) ; bien sûr, les ‘gros nuages’ seront toujours mal perçus par certains ; mais selon toute vraisemblance, eu égard aux études publiées depuis plusieurs années, tout semble converger pour affirmer que les risques réels pour l’entourage des vapoteurs sont quasi nuls ; et ce, quelque soit le taux de nicotine dans l’e-liquide.