Marisol Touraine il lui reste quatorze mois contre le tabac et pour la cigarette électronique
Source : https://jeanyvesnau.com
Les derniers dés du quinquennat sont lancés. Fragilisé comme jamais, le président de la République vient, sur les écrans, d’affirmer que le gouvernement ne cesserait de travailler durant les quatorze mois qui nous séparent de l’élection suprême. Les gazettes raillent et décryptent ses manœuvres politiciennes. On se gausse de Verts qui, hier encore, tançaient le pouvoir ; des écologistes qui acceptent, aujourd’hui, les petits maroquins et les grosses couleuvres qui vont avec. Où l’on redécouvre, à un maigre niveau, que des ambitions personnelles peuvent chercher à mûrir sous les ors de la République.
Reste le cas de Marisol Touraine, donnée régulièrement partante et que l’on retrouve, à son poste, en passe de battre un record de longévité ministérielle. « Il faut remonter à Simone Veil (1974-1978) pour trouver pareille longévité à ce portefeuille exposé » observe le Quotidien du Médecin dans un étrange portrait (Anne Bayle-Iniguez) de cette ancienne élève de l’École normale supérieure, agrégée de sciences économiques et sociales, diplômée de l’Institut d’études politique de Paris, fille du philosophe Alain Touraine, souvent classée « gauche caviar », qui a fait ses classes politiques au secrétariat général de la défense nationale et auprès de Michel Rocard à Matignon. Sans oublier « il y a deux décennies un livre de cinq cents pages sur la géopolitique au XXIe siècle ».
«Vaillant petit soldat»
Le temps passe, les portraits évoluent. Ce qui était perçu comme de la morgue est désormais qualifié d’assurance. Ses innombrables adversaires médicaux en viennent à la qualifier d’inoxydable. Et le « vaillant petit soldat » jadis décrit par ses proches camarades socialistes prend, au fil des batailles, un certain galon. En viendra-t-on à parler de Chinon ?
Marisol Touraine il lui reste quatorze mois contre le tabac et pour la cigarette électronique
Toujours présente, donc, sur les photographies des marches de Matignon. Le moment n’est pas encore venu de faire le bilan de son action ministérielle. Reste l’essentiel : les quatorze mois qui, aujourd’hui, commencent. Période difficile puisque son grand œuvre est accompli. Que restera-t-il, demain, de cette loi fleuve de « modernisation de notre système de santé » qui ne porte toujours pas son nom ? Le tiers payant ne sera pas généralisé comme la ministre en rêvait et la loi Evin en sort alcooliquement détricotée. Les grands verrouillages sur les prix, insupportables, des « nouveaux médicaments » resteront ce qu’ils sont. Les contraintes budgétaires et le malaise hospitalier iront en s’accentuant tandis que les déserts médicaux progresseront
Action salvatrice
Il reste, dans ce bien triste paysage, une possibilité d’action salvatrice. Maintenue à son poste de ministre de la Santé, Marisol Touraine peut mettre en œuvre la promesse faite par François Hollande il y a précisément deux ans. Une promesse doublée d’une tâche qu’il lui avait personnellement confiée 1. Une mission que viennent, solennellement, de lui rappeler les magistrats en hermine bleutée de la Cour des comptes 2. Une supplique que lui adressent celles et ceux qui, via la cigarette électronique, cherchent à se libérer de l’esclavage du tabac. Une action politique à laquelle son nom resterait, peut-être, attaché.
Cette action politique a un nom : enclencher un mécanisme irréversible d’augmentation massive, constante et durable du prix du tabac. Une action qui complètera son initiative en faveur du « paquet neutre » ; un paquet qui, s’il devait rester à ce prix, continuerait à être acheté en masse, ruinant ainsi les espoirs qui ont été placés en lui. La ministre toujours en place dispose-t-elle, aujourd’hui, d’assez de galons pour faire plier les buralistes et la forteresse mortifère de Bercy ? Parvenir à, enfin, agir sur la « première cause de mort prématurée évitable » ? C’est ce que nous observerons.
Doléances et géopolitique
Mais il lui faudra, aussi, évoluer sur un autre terrain ; un terrain qu’elle a toujours trouvé montant, sablonneux, malaisé : celui de la cigarette électronique. Elle pourrait, par exemple, commencer par une politesse diplomatique : répondre aux milliers de vapoteurs qui, depuis qu’elle est ministre, lui ont adressé d’innombrables cahiers de doléances 3.
Nous sommes en février 2016. Il n’est pas trop tard pour leur répondre. La lutte contre les mortelles puissances du tabac… l’acceptation de la cigarette électronique… la mobilisation générale au service d’une politique de réduction des risques… autant de beaux chapitres d’une géopolitique, celle du XXIème siècle.
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