Un paquet neutre à 10 euros et l’interdiction de fumer dans la rue

Images et textes chocs élargis, emballages uniformes… Pour dissuader les fumeurs, le paquet neutre fait son effet. Depuis ce vendredi 20 mai, les premiers paquets « relookés » prennent place dans les bureaux de tabac. L’ambition est claire : inciter les consommateurs de tabac à arrêter. Mais la mesure est-elle suffisamment incitative ? Metronews fait le point sur les solutions envisagées pour lutter contre le tabac avec le Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions.

► Pourquoi le paquet neutre ne dissuade pas les fumeurs ?
« C’est une bonne mesure, reconnaît volontiers le Dr William Lowenstein, mais elle est clairement insuffisante. » Pour le médecin, cela n’est efficace que sur une partie de la population. « Les jeunes fumeurs, qui ne sont pas encore dépendants à la nicotine, peuvent être rebutés par l’aspect du paquet, explique le spécialiste. En revanche, ce n’est pas ça qui va faire arrêter un fumeur de longue date. »

Un paquet neutre à 10 euros et l’interdiction de fumer dans la rue

Avec cette mesure, Le ministère de la Santé souhaite en effet détourner les adolescents du tabac avec des paquets moins attrayants. Selon le gouvernement australien, autre pays à avoir mis cette mesure en place depuis 2012, le paquet neutre a porté ses fruits. Le nombre de fumeurs âgés de 14 ans et plus est passé de 15,1% à 12,8% entre 2010 et 2013. Outre les plus jeunes, la mesure souhaite impacter sur le comportement et la perception de TOUS les fumeurs. D’autres options sont évoquées.

► Faut-il augmenter les prix ?
« Pour être efficace, cette augmentation doit être forte et continue, affirme le président de SOS Addictions. Les petites augmentations enrichissent plus le Ministère de l’Economie et des Finances qu’elles ne dissuadent les consommateurs. » Le Dr Lowenstein mentionne le prix de 10 euros le paquet de cigarettes manufacturées pour avoir un effet réellement dissuasif.

► Faut-il interdire de fumer dans la rue ? 
« Je ne crois pas aux politiques sanctions pour arrêter de fumer », explique le spécialiste. Ainsi, l’interdiction de fumer dans les aires de jeux publiques est bénéfique pour protéger les enfants, mais n’aide pas forcément les addicts à la nicotine à tout stopper. Pour s’en griller une, il faut aller hors du restaurant, du bar, de la discothèque ou de son bureau mais là encore, c’est plus pour ne pas enfumer les autres que pour aider les fumeurs. Egalement, les amendes pour jet de mégots dans les rues de Paris s’inscrivent davantage dans une logique de propreté.

► Miser sur la cigarette électronique ?
« Les substituts comme les patchs ont montré leurs limites pour sevrer les fumeurs », constate William Lowenstein. Le médecin croit davantage en l’efficacité des e-cigarettes. Comme le relève Libération, les pouvoirs publics se montrent encore très prudents sur cet objet et se refusent pour l’instant à lancer une campagne d’information. « Le principe de précaution ne doit pas être utilisé à l’extrême, note le spécialiste. Si les ventes sont encadrées et les produits contrôlés, la cigarette électronique pourrait aider efficacement de nombreux fumeurs et par conséquence diminuer le nombre de cancers. Il poursuit, on demande à un médicament de soigner, pas de n’avoir aucun effet secondaires. »

Alors que la Haute Autorité de Santé (HAS) rappelle que les conditions de dépistage du cancer du poumon chez un fumeur ne sont pas réunies pour traiter la maladie à temps, il est nécessaire d’intensifier les mesures de lutte contre le tabagisme. Ce cancer est le plus meurtrier chez l’homme avec 21 000 décès rien qu’en 2015. Il aura tué 9 500 femmes la même année. Pour rappel, le tabac est responsable de ce cancer dans 90% des cas.