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Le rapport dénonçant les dangers de la e-cigarette ? « Une campagne pro-tabac »

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Mandatory Credit: Photo by Jeff Blackler/REX (4606380n) Vapor Shark DNA electronic cigarette Various, London /Rex_Various_Longon_4606380N//1504011649
C’est la réaction du pneumologue Bertrand Dautzenberg après l’étude de la répression des fraudes faisant état des « nombreuses anomalies » des vaporettes, diffusée à quelques jours d’un vote parlementaire sur le tabac.

Source : http://www.sciencesetavenir.fr

E-CIGARETTE. « Les dangers de la cigarette électronique : 90 % des liquides sont non conformes, la quasi totalité des modèles ne respecte pas les normes. » C’est en ces termes alarmistes que s’est ouvert le 20 Heures de TF1 mardi 29 septembre 2015. « Vapoter peut être dangereux pour la santé » enchaînait France Info dans la foulée. Et nombreux sont les médias à avoir relayé l’information en ces termes accrocheurs. En cause ? Un rapport de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) – rattachée au ministère de l’Economie – qui fait état de « nombreuses anomalies » concernant la sécurité des cigarettes électroniques. Dans les faits, il s’agit en réalité de problèmes d’étiquetage, de notice d’utilisation dans la mauvaise langue ou, au pire, de taux de nicotine inexacts et de chargeurs possiblement défectueux. D’où la vive réaction du Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. « Il s’agit d’une communication organisée pour couler la cigarette électronique à quelques jours d’un vote parlementaire sur le tabac. C’est une campagne pro-tabac » assène à Sciences et Avenir ce médecin qui suit avec attention les évolutions concernant la cigarette électronique.

On ne se prononce absolument pas sur les risques pour la santé humaine » – le service de presse de la DGCCRF

Concrètement, les enquêteurs de la DGCCRF ont contrôlé 601 établissements et plus de 1.180 références de produits (cigarettes électroniques, chargeurs, flacon de liquide). Mais sur ce total, seules 135 références ont été prélevées pour analyse plus poussées.

repartition de materiel controlé

Le chiffre largement retenu est celui-ci : 60.000 produits ont été retirés du marché au cours de cette enquête menée durant l’année 2014. Pourquoi ? Pour « des anomalies portant sur des défauts de marquage ou d’emploi de la langue française ». En effet, certains chargeurs de batterie – semblables à ceux utilisés pour les smartphones – ne disposaient pas de notice en français. Le détail des anomalies constatées est à retrouver dans le communiqué que nous publions in extenso en bas de page.

Avec un communiqué aussi orienté, nous nous sentons trahis » – Jean Moiroud, président de la Fédération interprofessionnelle de la vape (Fivape).

Du côté des professionnels du secteur représentés par la Fédération interprofessionnelle de la vape (Fivape), c’est l’incompréhension. Son président, Jean Moiroud, fait part à Sciences et Avenir de son « indignation la plus totale ». Il explique : « Cela fait 2 ans que nous travaillons en étroite collaboration avec la DGCCRF pour régler ces modalités d’étiquetages. Nous avons travaillé avec eux pour établir les normes Afnor adoptées. Avec un communiqué aussi orienté, nous nous sentons trahis. Pour nous, il y a clairement une manœuvre qui a été faite du côté de la DGCCRF pour que le communiqué reprenne des éléments de langage alarmistes. Car les interlocuteurs avec lesquels nous travaillons ne sont pas du tout sur ce type de discours.«  Parmi les éléments de langage incriminés : « des taux extrêmement élevés », « 90% des produits testés », « sa banalisation [de la cigarette électronique, ndlr] croissante peut finir par faire oublier au grand public qu’il s’agit d’un atomiseur électrique de produits chimiques ».  Interrogé par Sciences et Avenir, le service presse de la DGCCRF préfère insister sur la mauvaise interprétation du communiqué par les journalistes et se défend de toute orientation : « Nous sommes restés très factuels en utilisant une terminologie simple. Peut-être que les journalistes l’ont lu trop rapidement. Mais il est vrai qu’on ne se prononce absolument pas sur l’aspect sanitaire, sur les risques pour la santé humaine. » Malgré la demande explicite de Sciences et Avenir, la DGCCRF ne nous a pas permis d’accéder à l’enquête in extenso, ni d’accéder directement aux enquêteurs-auteurs. Une campagne pro-tabac ?

Pour le Pr Bertrand Dautzenberg, la manœuvre est claire : « C’est scandaleux. J’ai l’intime conviction qu’il s’agit d’une manœuvre du ministère du Budget qui a eu la tutelle de la Seita jusqu’en 1995 (Société d’exploitation industrielle des tabacs et des allumettes privatisée en Altadis puis Imperial Tobacco, ndlr) et au sein duquel des liens avec les industriels du tabac ont été conservés. » De façon un peu cynique, le Pr Dautzenberg ajoute : « Cette campagne de communication va faire quelques milliers de morts, mais préservera un peu les intérêts financiers de l’Etat. Mais ces intérêts vont à l’encontre du seul qui devrait prévaloir, l’intérêt général, l’intérêt des Français. » Car pour lui, c’est un message aux effets potentiellement dévastateurs qui sera retenu par le public après un tel rapport. « Avec ce genre de campagne soigneusement organisée, des milliers de personnes peuvent être amenées à se dire qu’il vaut encore mieux fumer du tabac. Ce qui est faux », rappelle-t-il. Non pas que la e-cigarette ne puisse pas présenter quelque danger, mais ceux-ci sont à coup sûr moindres que ceux dramatiques du tabac. Par ailleurs, le Pr Dautzenberg souligne que la DGCCRF a beau jeu d’épingler la non-conformité des produits « alors qu’elle est incapable de dire ce que devrait être un produit conforme. Encore en 2014 (année durant laquelle a été menée l’enquête, ndlr), la DGCCRF était incapable de dire ce qu’il fallait mettre sur les flacons ». Un comble en effet.

Ci-dessous, le communiqué de la DGCCRF détaillant les anomalies constatées sur les produits contrôlés en 2014 :

Communiqué de presse DGCCRF by elecomte2

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